La thérapie de couple : réapprendre à danser à
deux
Imaginez que votre relation est comme une danse. Au début, tout était
fluide : vous vous laissiez porter par la musique, vos pas s’accordaient, et même les faux pas devenaient des fous rires. Mais avec le temps, la musique a changé, vos rythmes se sont désynchronisés,
et aujourd’hui, vous vous marchez sur les pieds plus souvent que vous ne tourbillonnez. La thérapie de couple, c’est un peu comme prendre des cours de danse
relationnelle : un espace pour réapprendre à s’écouter, à se guider mutuellement, et à retrouver le plaisir de danser ensemble – même si la mélodie a
évolué.
1. Pourquoi les couples vont en thérapie
?
Les raisons sont aussi variées que les couples eux-mêmes, mais voici les plus courantes
:
- La communication est devenue un champ de bataille : Les discussions tournent en rond, les silences sont lourds, et chaque mot est interprété comme une attaque.
- Une trahison a ébranlé la confiance : Infidélité, mensonge, ou même une simple promesse non tenue qui a laissé une blessure.
- La routine a étouffé la passion : Vous vivez comme des colocataires polis, sans véritable connexion émotionnelle ou intimité.
- Un événement extérieur a tout bouleversé : Naissance d’un enfant, licenciement, maladie, déménagement… et vous ne savez plus comment vous adapter ensemble.
- Vous répétez les mêmes conflits : Toujours les mêmes disputes (argent, belle-famille, répartition des tâches…) sans jamais les résoudre.
Le paradoxe :
Souvent, les couples attendent d’être « au bord de la rupture » pour consulter. Pourtant, la thérapie est bien plus efficace avant que le ressentiment ne s’installe
durablement.
2. Comment ça marche, concrètement
?
Contrairement à ce qu’on imagine, je ne suis ni une arbitre (« C’est
lui/elle qui a tort ! »), ni une magicienne (« Je vais vous réconcilier en 2 séances ! »). Mon rôle est plutôt celui de vous aider à :
- Comprendre les dynamiques invisibles de votre relation.
- Briser les cercles vicieux (ex : « Je me tais → tu cries → je me tais plus »).
- Expérimenter de nouvelles façons d’interagir.
Les outils clés en thérapie de couple
- L’écoute active : « Quand vous dites ‘tu ne m’écoutes jamais’, qu’est-ce que vous ressentez vraiment ? » → Apprendre à parler de soi (« Je me sens
ignoré·e ») plutôt que d’accuser (« Tu es égoïste »).
- Le « temps-out » émotionnel : Quand une dispute s’envenime, savoir faire une pause (ex : « J’ai besoin de 10 minutes pour me calmer ») évite les mots
blessants.
- Les rituels de connexion : Réintroduire des moments de qualité (un café le matin sans écrans, une balade hebdomadaire) pour recréer du lien.
- La réparation après les conflits : Apprendre à demander pardon et à réparer (« Je comprends que mes mots t’ont blessé·e. Comment puis-je faire mieux la prochaine
fois ? »).
- Le travail sur les attentes implicites : « Tu devrais deviner ce dont j’ai besoin ! » → « Je peux te dire clairement ce dont j’ai besoin. »
3. Les pièges à
éviter
- Attendre que l’autre change seul·e : « Si seulement il/elle était différent·e, tout irait bien. » → La thérapie fonctionne quand les deux partenaires s’engagent à ajuster
leurs propres comportements.
- Utiliser la thérapie comme une arme : « Tu vois, même le thérapeute dit que tu as tort ! » → Le but n’est pas de « gagner », mais de comprendre et de trouver des
solutions ensemble.
- Négliger l’individu pour sauver le couple : Parfois, la thérapie révèle que l’un·e ou les deux ont besoin de travailler sur eux·elles d’abord (ex : dépression, traumatisme
personnel).
4. Quand est-ce que ça marche
?
La thérapie de couple est efficace quand : ✅ Les deux partenaires sont motivé·es (même si l’un·e est plus réticent·e au
début). ✅ Il reste un fond d’affection ou de respect, même sous
les conflits. ✅ Vous acceptez de remettre en question vos propres
comportements.
Attention : Elle
a peu de chances de réussir si : ❌ L’un·e des deux a déjà décidé de
partir (mais ne l’a pas encore dit). ❌ Il y a des
violences (physiques, psychologiques) non reconnues. ❌ Un·e
partenaire refuse catégoriquement de participer.
5. Un exemple concret : « Le couple en guerre
froide »
Situation : C et
T ne se parlent plus que pour organiser le quotidien. C se plaint que T « ne fait jamais rien à la maison », T répond qu’elle/il « râle tout le temps ». Résultat : ils dorment dos à
dos depuis des mois.
En thérapie :
- Identifier le cercle vicieux : « C critique → T se referme → C critique plus → T évite. »
- Comprendre les besoins cachés :
- C a besoin de se sentir soutenu(e).
- T a besoin de se sentir compétent(e) (et non
rabaissé(e))
- Expérimenter une nouvelle dynamique :
- C exprime un besoin sans accusation : « J’aimerais qu’on partage les
tâches, ça me ferait me sentir moins seul(e)»
- T propose une solution : « Et si on faisait un planning ensemble ?
»
- Créer un rituel de reconnexion : Ils décident de prendre 10 minutes chaque soir pour parler de leur journée, sans écrans.
Résultat : En 3
mois, ils retrouvent des moments de complicité et une meilleure répartition des tâches.
6. Les bénéfices
inattendus
Au-delà de « sauver le couple », la thérapie peut vous apporter :
- Une meilleure connaissance de vous-même (vos besoins, vos peurs).
- Des outils pour gérer les conflits… même en dehors du couple !
- Un modèle sain pour vos enfants (s’ils vous voient communiquer avec respect).
- La clarté :
Parfois, la thérapie aide à réaliser que la séparation est la meilleure option – et dans ce cas, elle permet de le faire de manière apaisée.
7. En résumé : Réparer ou transformer
?
La thérapie de couple n’a pas pour but de « sauver le couple à tout prix
», mais de vous aider à :
- Comprendre ce
qui ne fonctionne plus.
- Décider ensemble si vous voulez réparer, transformer ou terminer votre relation.
- Le faire avec respect, quelle que soit l’issu
Et vous, quel pas de danse aimeriez-vous réapprendre avec votre partenaire
? ?